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Le « Pavillon des perdus » ou la thérapie par le rire

Par Françoise de Montigny-Pelletier le dans Théâtre.

Encore une fois, Lise Bourgault s’est laissée convaincre de concevoir et d’écrire une comédie à être présentée comme activité bénéfice de la Fabrique pour le projet de restauration de l’église de Sainte-Perpétue. Cette fois, elle a choisi d’imaginer un contexte dans lequel des personnes ayant atteint l’âge de la retraite se retrouvent confinées dans un milieu de vie, sans affinités entre elles et sans avoir choisi leur voisinage. C’était le samedi 27 et dimanche 28 octobre derniers, à la Salle du Centenaire, que nous attendaient huit personnages en quête d’auditoire.

Quand la cohabitation forcée fait ressortir les travers humains

Les personnages de cette pièce sont très typés : l’excessif Edmond sans filtre, joué par Daniel Bélanger, l’excédée Paulette sans pardon, jouée par Monelle St-Pierre, le désabusé et philosophe Honorius se voulant modérateur, joué par Alain Bourgault, la sollicitée et découragée infirmière Garde Bonsens, sous les traits de Lorraine Duval, et le discret et neutre policier Bernard Fortin. Puis, trois autres personnages ont été interprétés par nulle autre que Lise Bourgault. Ces trois dernières interprétations, de La muette, L’endormie et la Maîtresse d’école, très demandantes puisqu’elles exigeaient beaucoup de gestuelles sans paroles pour les deux premières et pour la troisième, une mémorisation d’un long texte, et une chanson de Gilles Vigneault, exprimant la nostalgie du personnage. Comme si la cohabitation forcée libérait les inhibitions, tout semblait devenir permis, toutes émotions confondues : provocations et harcèlement, reproches et rancunes, souvenirs sombres, honte et exaspération.

Devenir méconnaissables en interprétant un rôle avec une gestuelle exigeante mais convaincante

Une troupe amateure aux interprétations convaincantes

Tout cela interprété avec conviction par cette troupe bénévole de façon énergique! Combien d’heures de répétition, combien d’efforts nécessaires pour en arriver là! Sans se tromper, on peut souligner à quel point les rôles exigeaient des dépenses physiques, de sortir de ses balises et de sa propre personnalité pour se confondre avec le personnage que chacune et chacun s’était vu désigner. On imagine le temps nécessaire pour l’imagination et la rédaction des scènes par l’auteure Lise Bourgault et pour l’abandon des interprètes au scénario, à leur personnage et à la mise en scène au point d’être méconnaissables, tant ils devaient sortir de leur personnalité. Étonnante, questionnante et thérapeutique peut-être, cette production grâce à l’investissement que chaque personne participante au projet y a mis.

Les Gens d’en Haut sont une troupe d’indéfectibles. Pour cette production, ils étaient sous la direction du metteur en scène Donald Lemelin. Dans les coulisses, à des tâches essentielles, Claire Ouellet, à la promotion, Nicole Ross, puis Élise Melançon, Éliane Pelletier, Janine Dubreuil et Carole Gagnon en soutien.
Cette pièce comédie burlesque, faisait appel à la mémoire des personnages, à leurs souvenirs beaux et laids, à la mélancolie et au retour en arrière.

De gauche à droite, Claire Ouellet ÉQUIPE TECHNIQUE, Alain Bourgault HONORIUS, Monelle St-Pierre PAULETTE, Lorraine Dorval GARDE BONSENS, Daniel Bélanger EDMOND, Lise Bourgault MUETTE, ENDORMIE, MAÎTRESSE D’ÉCOLE, Donald Lemelin METTEUR EN SCÈNE, Bernard Fortin POLICIER, Nicole Ross ÉQUIPE TECHNIQUE.