Articles des pigistesSaint-Adalbert, Saint-Marcel, Saint-Omer, Saint-Pamphile, Sainte-Félicité, Sainte-Perpétue, Tourville

Retour sur la berce du Caucase

Par Françoise de Montigny-Pelletier le dans Agriculture, Vie municipale.

L’Organisme des Bassins Versants de la Côte-du-Sud a invité la population de la MRC de L’Islet, grâce à une subvention du MAPAQ, à deux rencontres d’information sur la berce du Caucase, plante envahissante présente sur plusieurs sites de notre territoire. Une de ces rencontres s’est tenue à la salle du conseil municipal de Sainte-Perpétue le mardi 13 février dernier. Onze personnes y ont assisté dont les maires de Saint-Omer et Sainte-Félicité et la mairesse de Saint-Damase, également des représentants des municipalités de Sainte-Perpétue et de Saint-Pamphile, et des producteurs agricoles et propriétaires de lots.

L’organisateur de l’événement, M. François Lajoie, agronome et directeur général de l’OBV de la Côte-du-Sud, nous a présenté une carte localisant les foyers d’infestation connus sur le territoire. Il nous a informé que les neufs OBV de Chaudière-Appalaches avaient un projet de lutte à la berce du Caucase lequel intégrait le territoire de la MRC de L’Islet. Le conférencier invité était M. Nicolas Trottier, responsable de l’entreprise QUADRA qui a comme spécialité les interventions en matière de contrôle de plantes envahissantes dont la berce du Caucase.

François Lajoie de l’OBV Côte-du-Sud et Nicolas Trottier, de QUADRA.

Rappel des caractéristiques de la plante

D’abord, commençons par sa mauvaise réputation… Elle est envahissante et elle est importée, cela veut dire qu’elle peut prendre la place d’espèces indigènes et adaptées au milieu: elle menace donc la biodiversité. Toutes les parties de la plante contiennent de la sève sauf les fleurs ; or cette sève contient une toxine, la furanocomarine qui, activée par la lumière, constitue un danger pour qui entre en contact avec elle, car elle réduit la capacité naturelle de la peau à se protéger contre les rayons ultra-violets. Cela provoquera chez ces personnes des dermatites sévères qui se manifesteront de 24 à 48 h plus tard après exposition à la lumière naturelle ou artificielle. Côté famille végétale, c’est une apiacée ou ombellifère, qui porte sur de longues tiges des sommités florales sphériques rassemblant des centaines de petites fleurs, semblables aux carottes sauvages, cicutaire maculée et ciguë. Il ne faut pas la confondre par contre avec la berce laineuse qui, elle, est indigène et velue sur ses feuilles et ses tiges, moins haute et sans danger. La caucasienne peut atteindre de trois à cinq mètres de hauteur et sa tige est tachetée et lisse. Elle a un cycle de trois ans et meurt après la maturation des graines. La première année, elle peut passer inaperçue, dans le fourrage ou la végétation des berges d’un cours d’eau, limitée à une feuille arrondie d’environ 10 cm de largeur. L’année suivante, elle comportera deux à trois feuilles plus découpées. C’est à sa  troisième année qu’une tige florale va comme exploser tant la croissance est rapide avec au sommet des ombelles très volumineuses. Elle peut produire de 13 000 à 22 000 graines dont jusqu’à 86 % peuvent être viables. Ces graines sont relâchées en août et septembre ; la plante meurt ensuite et ne drageonnera pas.

La situation actuelle au sud de la MRC

Nous avions dans le numéro d’août 2015 présenté cette intruse qui s’installait au sud et les municipalités de Tourville et Sainte-Félicité avaient dû procéder à des interventions pour la faire disparaître d’autant plus qu’elle croissait en zone d’activités humaines.

Mais qu’en est-il trois ans plus tard ? L’été dernier, l’OBV de la Côte-du-Sud a récolté près de quatre millions de graines le long de la rivière Ferrée pour stopper sa progression dans le bassin versant qui baigne cinq municipalités du nord de la MRC! D’autres sites infestés ont aussi été repérés le long du trajet Monk et du bassin de la rivière Ouelle. C’est dire que sa progression est fulgurante. On ne peut attendre devant cet envahissement parce que l’éradication, c’est-à-dire la destruction de plants capables de se reproduire en très grande quantité et répartis sur un grand territoire, coûtera des centaines de milliers de dollars aux

communautés et propriétaires de lots si on n’établit pas immédiatement un plan d’intervention unifié en concertation avec les milieux municipaux et leurs partenaires.

L’urgence d’un plan d’action concerté

L’OBV de la Côte-du-Sud, en collaboration avec l’OBAKIR et l’OBV du fleuve Saint-Jean, préparent déjà la saison 2018 pour lutter contre l’envahisseuse. En 2017, ils ont déjà débuté la lutte dans les rangs, le long de la rivière Ouelle et de la route 204. L’opération s’organise car d’autres plants pousseront encore pour empirer l’infestation si on n’agit pas…

Les OBV ayant déjà cartographié plusieurs signalements de sites infestés, des rencontres avec les élus et directeurs municipaux sont à prévoir pour établir un plan de gestion efficace. Les propriétaires et administrations locales sont les mieux placés pour faciliter le signalement de ceux-ci en vue d’interventions prioritaires. Parallèlement, on recommande préventivement de conserver une bande de végétation le long des berges de cours d’eau et drains agricoles, laquelle compétitionnera la berce, en plantant par exemple des sureaux, saules, physocarpes et graminées. Actions en vue dès ce printemps !

Pour joindre l’OBV Côte-du-Sud : direction@obvcotedusud.org .

Photo en page couverture : La berce du Caucase.

Crédit photo : Gouvernement du Québec.