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Une romancière prolifique en visite à Sainte-Perpétue

Par Françoise de Montigny-Pelletier le .

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L’équipe de la bibliothèque municipale de Sainte-Perpétue, sous la direction de Mme Louiselle Robichaud, avait envisagé d’inviter Louise Tremblay-D’Essiambre déjà depuis un certain temps.
Étant donné la grande popularité de cette romancière, on a dérogé à l’habitude des rencontres  avec des auteurs locaux ou régionaux pour pouvoir découvrir qui est cette femme si imaginative derrière le best-seller Les sœurs Deblois et la série de romans réunis sous le titre de Mémoires d’un quartier. 

C’est donc le 1er juin dernier que devant 22 personnes attentives, et pour la plupart fidèles lectrices, parmi elles l’auteure de St-Pamphile Mme Catherine Bourgault, que s’est confiée très spontanément à son auditoire l’écrivaine tant attendue. Phénomène de l’édition québécoise avec la parution de 33 livres, regroupés en plusieurs séries, un manuscrit prêt à l’impression, un 35e roman en cours de rédaction et 2 autres titres projetés, Mme Tremblay-D’Essiambre aura en 2014 lancé sur le marché du livre québécois et international 37 œuvres.

Un parcours désiré et continu

Si écrire principalement des romans est devenu un travail à plein temps depuis 1994 avec des tirages qui actuellement atteignent 40 000 exemplaire ou plus, le cheminement vers cette carrière a débuté aussi loin que durant l’enfance de l’auteure. Elle tient à rendre hommage à ses parents. Elle a appris à lire sur les genoux de sa mère qui l’a convaincue que «Lorsqu’on a lu un livre, on a un ami et on ne s’ennuie jamais!». C’est donc grâce à elle que la petite Louise découvre l’univers des mots, qui «désennuie et fait voyager». L’écriture, elle la doit à son père : il lui racontait un «bout d’histoire» à chaque soir, puis interrompait son conte jusqu’au lendemain. L’enfant devait imaginer la suite, le développement de l’intrigue… puis le soir suivant venu, son père reprenait le fil de l’histoire, mais… dans une voie différente de celle qu’elle lui proposait. Ceci a provoqué chez elle le besoin d’imager, d’inventer. Plus tard, ce fut la période des grandes conteuses écoutées avec intérêt, Tante Lucille à la radio et Fanfreluche à la télévision. Vers 6-7 ans, elle écrit son premier texte fruit de son imagination.

À 16 ans, elle entre en sciences infirmières et s’inscrit à un cours facultatif en études littéraires; elle s’y familiarise avec le conte, l’essai et la nouvelle et c’est une nouvelle qu’elle choisit d’écrire elle-même à cette époque. À 17 ans, on lui dit qu’elle a trop de talent pour ne pas le mettre à profit et on lui recommande de laisser tomber le cours d’infirmerie pour se consacrer à l’écriture. Ce qui manquait à cette passion, dit-elle, c’est… du vécu!

Louise Tremblay-D’Essiambre souhaitait avoir une famille nombreuse, elle qui n’avait qu’une sœur. Elle prend époux à 18 ans après avoir interrompu ses études et devient mère. « La passion de vivre et  la passion d’écrire» se fusionnent  et la maternité se conjugue au présent plusieurs fois. C’est alors qu’elle est déjà mère de 6 enfants et qu’elle opère une garderie où elle prend soin de 6 autres petits, qu’elle publie son premier roman chez Prologue. Elle reçoit le prix Robert Cliche pour cette œuvre. Les coûts d’édition sont élevés au Québec et le tirage limité. Guy St-Jean, éditeur, voit en elle une écrivaine talentueuse  et pleine de potentiel : il réédite en 1984 Le Tournesol sous le titre de La fille de Joseph; commence alors une longue collaboration entre l’auteure et l’éditeur. Ses enfants demeurent toujours la priorité de sa vie; demeurer près d’eux à la maison lui permet de poursuivre son écriture. En 1994, elle peut publier enfin Entre l’eau douce et  la mer. Maintenant, elle vit de son écriture et très bien.

Des nouveautés à venir?

Son prochain roman se déroule autour de 1880 et l’intrigue a lieu à Montréal et dans 2 villages fictifs, un dans Charlevoix et un autre dans le Kamouraska. Elle a dévoilé quelques traits de caractère de ces nouveaux personnages et quelques éléments de l’histoire à son auditoire de Sainte-Perpétue. Elle projette aussi la publication d’un livre de recettes «conçues» par ses personnages dans un contexte d’époque. Elle ne souhaite pas refaire des séries de 12 tomes. Son père demeure sa source d’information privilégiée sur la vie d’antan; elle s’en est inspirée entre autres pour Aux limites de la mémoire afin de situer le thème dans le monde de la vie rurale tout en le rendant plausible. Toutes ses descriptions à caractère historique sont minutieusement documentées. Une personne de l’auditoire lui suggère que ses textes sont très télévisuels; on pense à la saga Les sœurs Deblois qui pourrait être adaptable à l’écran. Elle ne dit pas non. Ces livres ont fait une percée en Europe et certains ont donné lieu à une très belle édition. Mais elle ne fait pas de compromis : on a voulu en France édulcorer certains éléments, par exemple la question du suicide assisté, les lecteurs français, lui disait-on, n’étant pas prêts à voir cette question abordée en littérature. Elle a refusé des modifications à son oeuvre originale. Louise Tremblay-D’Essiambre s’est toujours intéressée à des thèmes proches du quotidien et des destins humains qui portent à la réflexion et tirent des leçons : enfant handicapé, monoparentalité, deuil, maladie incurable, isolement social, etc. C’est ce qui fait sans doute que ses lecteurs lui sont si attachés de même qu’à ses personnages, ils sont pris eux aussi de compassion. En même temps, mère de 9 enfants dont une dernière issue d’une seconde union, l’auteure demeure une femme déterminée et enthousiaste et on peut le soupçonner, avec une capacité organisationnelle hors du commun, bravant la maladie et les difficultés. L’auteure a ajouté aux livres un monde de couleurs découvert lors de sa dernière grossesse. Elle a peint de nombreux tableaux et a illustré elle-même certains de ses livres.

Elle a accepté à notre demande de faire une courte visite à la résidence pour retraités de Mme Sonia Blanchet, face à la bibliothèque; elle y a rencontré Mme Yolande Chassé (photo) qui aime tant son œuvre et qui connait tous ses romans pour les avoir entendus… En effet, Mme Yolande a perdu ses capacités visuelles  et elle qui aimait tant lire auparavant doit entendre les livres sur cassettes. Mme Tremblay-D’Essiambre lui a confié, comme elle l’avait fait à la rencontre de la bibliothèque, qu’elle-même doit se faire à l’idée de la non voyance puisque ses yeux sont atteints d’une maladie dégénérative. Elle devra donc s’habituer  à devenir plus auditive que visuelle. Son imaginaire si créatif n’en sera certainement pas pour autant altéré. Plusieurs de ses livres sont imprimés en gros caractères avec cette pensée qu’il faut faciliter la lecture aux personnes avec des difficultés visuelles.  
On peut consulter le site Internet suivant pour plus de détails. Plusieurs titres sont disponibles pour prêt à notre bibliothèque.
www.louisetremblaydessiambre.com

Photo sur la page d’accueil : L’équipe de bénévoles de la bibliothèque municipale de Sainte-Perpétue entoure la prolifique auteure de romans Louise Tremblay-D’Essiambre, assise.